Article original :
「5カ国の小学校のランチシステム。実は、さまざまだった。」(電通報、2016年2月26日)
Commentaire :
Nadya
Kirillova, directrice artistique chez Dentsû (grande agence publicitaire
japonaise), a passé son enfance aux quatre coins du monde. Elle propose un tour
d'horizon du déjeuner scolaire dans différents pays. De la Russie aux
Etats-Unis en passant par le Japon, la jeune femme nous offre ainsi une vision
savoureuse de la diversité, où cultures
locales et convictions personnelles s’invitent à table.
訳者のひとこと
この記事は『電通報』というウェブサイトの記事で、子供時代を6ヵ国で過ごした筆者のキリーロバ・ナージャさんがその国々のランチシステムについて述べている。著者によれば、衣食住の食に関して考えることだけでも、いろんな国の国柄、習慣、国民の性格、マナー、宗教など様々なことに注目することができる。現在グローバル化が進んでいる中、世界中が多様性に着目することが大事になってくるのではないかと思う。
Traduction
À la découverte des cantines du monde (Dentsûhô, le 26
février 2016, Nadya Kirillova)
5 systèmes de cantine : Russie (2 repas par jour), Royaume-Uni (varié), États-Unis (Hot or cold), France (à l’école ou à la maison), Japon (tous pareil). (C) Dentsûhô. |
J’avais
changé d’école pour venir en France et c'était l'heure de prendre mon
premier repas de midi. « Je vais te montrer ! », m'a dit ma
voisine de classe, avant de me guider vers la cantine. Je me
demandais quel genre de repas on allait me servir. J’étais toute excitée
sur le chemin de la cantine, mais une fois arrivée, il n’y avait presque
personne. J’ai quand même commencé à manger en attendant. Cependant, une
question me travaillait : c’était bientôt la fin de la pause déjeuner et
pourtant, je n’avais pas du tout l’impression que d’autres gens allaient
arriver. « Personne ne mange, ici ? » me demandais-je, sans
pouvoir l’exprimer en français. J’ai donc essayé de demander à ma camarade, en mimant un peu, pourquoi les
gens ne venaient pas manger.
Après quelques
explications et gestes de ma camarade, j’ai alors compris qu’à l’école
française, beaucoup d’élèves rentraient chez
eux déjeuner avec leur famille. « Ah bon, chez eux ?! Mais
les parents ne travaillent pas, ici ? » Je n'en revenais pas.
Peu après,
j’ai compris qu’en fait, les parents français avaient eux aussi d’assez longues pauses déjeuner et que beaucoup
rentraient manger chez eux à midi.
Je ne
connaissais pas ce système, mais désormais, tout était plus clair. Bien
qu’on m’ait dit que je pouvais apporter mon déjeuner à l’école, cette idée de
rentrer manger chez soi était si séduisante
que j’ai tout de suite essayé d’y convertir ma famille. J’ai réussi et
quelques jours plus tard, rentrer manger à la maison avec mes parents le midi était devenu une habitude. Bizarrement,
peut-être parce qu’ils n’étaient pas
encore trop fatigués de leur journée, nous passions
ces pauses à parler longuement
de ce que je faisais à
l'école. On discutait par
exemple de ce que disaient mes
camarades de telle ou telle nationalité...
Ce
système qui permet d'apporter son déjeuner à l'école existait aussi à l'école primaire anglaise, où j'allais avant
de venir en France. Le fonctionnement était le même : on déjeunait
tous ensemble à la cafétéria, mais on pouvait choisir de manger
en demi-pension ou d'apporter chacun son repas.
Les élèves mangeaient vraiment toutes sortes
de choses !
Ce qui me m’amusait, c’était de comparer les repas des
uns et des autres. Il y avait par exemple une fille canadienne qui mangeait
des sandwiches au beurre de cacahuète et à la confiture, et un garçon
indien qui apportait des plats que je n'avais jamais vus. Sa voisine japonaise
mangeait des onigiri emballés dans du nori, tandis qu'une autre
enfant mangeait les flageolets à la
tomate de la cantine. Il y en avait pour tous les goûts, et c’était rafraîchissant de voir tous ces plats si originaux.
On avait beau tous apprendre la même chose de la même
façon en classe, on voyait bien lors des repas qu’on avait tous des habitudes
alimentaires très différentes. Ce qui ne changeait pas, en revanche, c'est que tout le monde mangeait dans la bonne
humeur. C’est là que j’ai compris
à quel point la cuisine pouvait être variée à travers le monde.
Dans les écoles primaires russes, comme au Japon, tout le
monde mange à la cantine, mais on y prend même le petit déjeuner ! Après
le deuxième cours,
tout le monde mange à la cafétéria. Le menu change tous les jours mais il y a souvent du
porridge sucré et
du pain noir. Cela fait même un deuxième petit déjeuner pour les enfants ayant
déjà mangé chez eux avant ! Le vrai déjeuner a lieu
après le quatrième cours. Au menu, en plus
du plat principal, il y a de la soupe et du pain noir. Peu
importe le repas, ce dernier
est incontournable en Russie !
En Russie, il faut tout manger, même quand ce n’est pas bon ou que l’on n’aime pas. Impossible aussi de se lever tant qu’on n’a pas fini son assiette, comme au Japon ! Heureusement, les enfants difficiles ont trouvé la technique : quand quelque chose ne leur convient pas, ils le donnent à un autre enfant qui mange de tout. Rien de mieux pour devenir d’habiles négociateurs !
Le
système de l'école primaire américaine ressemble à celui de l'école anglaise : le matin, au moment de l’appel, on dit au professeur si l’on compte manger
« chaud » (le repas
de la cantine) ou « froid » (notre propre repas) à midi. La différence, c’est qu’on reçoit le menu
à l'avance, et qu’on peut donc choisir de manger en
demi-pension uniquement les jours où le repas nous plait. Quand j’étais aux États-Unis, les jours de plats
populaires comme la pizza, les hot dogs, les lasagnes, ou les tacos, il y avait
toujours deux fois plus d’inscrits que d’habitude ! Quand le menu ne nous plaisait pas, on
apportait simplement notre propre déjeuner.
De
plus, personne ne nous forçait jamais à manger ce que l’on n’aimait pas,
ni à finir notre assiette. D’après mes
camarades de classe, on
considérait en effet que chacun était libre de manger ou non son
repas, puisque c’étaient les
élèves (du moins, leurs parents) qui le payaient. Il fallait quand
même bien se tenir à table, et il était par exemple interdit de
jouer avec la nourriture.
Ce qui
m'a frappée lors du déjeuner à l'école primaire américaine, c'est que beaucoup
d'enfants ne mangeaient pas
de viande. En Russie, on nous disait : « Si tu ne manges pas de viande, tu ne grandiras pas ! »
Du coup, on n’avait pas le choix, et
l'idée même de ne pas manger de viande ne nous serait jamais venue à l’esprit ! Tandis qu’aux États-Unis, un grand nombre d’enfants (peut-être presque
la moitié) n'en mangeaient pas.
Lorsque
je demandais pourquoi à mes amis, ils me répondaient : « Ah, en fait, je suis musulman. Je ne peux pas manger de
porc », ou « comme je suis juif, je ne
peux manger qu'un certain type de viande », ou encore « moi, je suis végétarien ! »
C’est comme ça que j’ai compris qu’il y
avait des gens qui ne mangeaient pas de viande, pour des raisons aussi bien religieuses que
personnelles. En fait, on a toujours le choix de refuser
certains aliments par conviction plutôt que pour des raisons de santé. Cette
découverte allait changer ma
vie.
Et je ne parle même pas des
allergies : lait, œufs, noix, farine de blé… il y en avait de toutes
sortes dans mon école. Il était donc essentiel d’offrir plusieurs choix, faute
de quoi certains enfants ne pouvaient pas manger.
Ce qui est intéressant avec le déjeuner à
l’école au Japon, c'est que ce sont des élèves qui préparent le repas et le distribuent aux autres. Au début, je trouvais bizarre de
confier cette tâche à des enfants, mais en le faisant par moi-même, j'ai compris beaucoup de choses.
D’autre part, comme il n’y avait pas de cantine,
on mangeait dans la salle de classe. C’était nouveau pour moi. Mais il y avait un gros problème :
comme la Russie, le Japon n’accepte pas la diversité.
Moi qui suis végétarienne depuis
l'âge de 12 ans, je ne pouvais
presque rien manger de ces repas. Il y avait du
jambon dans la salade, de l’extrait de viande
dans la soupe, et on cuisait même le riz avec du poulet... Bien souvent, la seule chose que
je pouvais avaler était le
lait. Cela a duré presque un an. En effet, on trouvait les enfants végétariens « difficiles ». On les comparait à ceux qui détestent
les carottes, et on ne les comprenait pas. Mon instituteur croyait que je finirais par manger de la viande s’il n’y avait rien d’autre. C'était
dur de ne pas pouvoir
apporter son panier-repas.
Mais j’ai tenu bon grâce à mes
convictions.
Tous ces exemples montrent bien que, même
si le déjeuner scolaire existe partout dans le monde, il y a toutes sortes de
façons de faire et de penser selon les pays. En Russie et au Japon, on cherche souvent
à créer un sentiment d'unité en réunissant les élèves au même endroit devant un
même repas. En France, on privilégie plutôt les moments en famille. En
Angleterre et aux États-Unis, on favorise la diversité en s’adaptant avec
souplesse à la religion, aux principes et à la philosophie de chacun. C’est fou
ce qu’on peut apprendre sur le monde en mangeant une ou deux heures par jour
avec ses camarades de classe !
Qu’il s’agisse des convictions
personnelles, des cuisines du monde, des allergies, ou encore de l’importance
ou non de finir son assiette, il faudrait que les écoles japonaises expérimentent
différents styles de repas, pour amener les enfants à réfléchir à la diversité.
Traduction : William B.,
Mathilde M., Takeshi Y., Natsumi S., Shumpei S., Tomona S., Daiki H., Tom Z., Taiga
I. et Romain J.-O.
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